7 juin 2010

J'hésite entre l'holocaust et le discount.

J'ai, comme vous le savez si bien, toujours de très bonnes idées.


Je me suis aujourd'hui réveillé à 12h, d'humeur détestable comme à l'accoutumée. J'ai allumé mon ordinateur, je me suis levé, j'ai combattu mon érection matinale pour aller faire pipi, tordant le glaive dans tous les sens pour ne pas salir un peu plus une salle de bain déjà dans un état pitoyable. J'allume l'ampli, contemple l'étendue des dégâts et me dit que je rangerai demain. Je m'assois aux pieds du lit puis lance un album au hasard de Sun Ra et aperçois la cafetière.

Ah! Quelle vision d'horreur quand j'y repense. Une vision dissimulée derrière ma stupidité qui la couvrait.


Cette cafetière donc, une cafetière de mauvaise facture que l'on m'avait donné, allait satisfaire mon manque conséquent de tabac auquel je devais faire face depuis deux jours. J'attaque avec une première cafetière dans laquelle j'allais vider le contenu plutôt mince de ma flasque afin d'y donner du goût. Une simple lichette.

Les premières gorgées sont exquises. Dix minutes passent et 5 tasses remplies à rabord avec. Je lance une deuxième cafetière, ne ressentant aucun effet. La seconde arrive et dès la première gorgée je constate qu'une nouvelle lucidité m'habite, chacun de me mouvement est ciselé, ma vision pure. Il est 12h30.


Je bois, je bois, je bois. Et je suis parcouru d'une joie immense. Je suis sûr de moi. N'ayant jamais vraiment consommé de café, ces deux cafetière me font comme l'effet d'une première cuite, je suis une baleine consommant du plancton hallucinogène, un babouin qui encule un pingouin. La troisième arrive, tranquillement mais sûrement. Je discerne plus ou moins les ploufs de la chaleur dans ma cafetière, la fumée dévoile une fragrance raffinée, et mes yeux bougent tout seuls. Mes tremblements ne m'affolent pas, bien au contraire, je suis lucide. Il est 13h, je bois ma troisième cafetière.

Elle se finit rapidement, et les premières traces de nervosité apparaissent. Je suis fébrile mais, complètement à bout de nerf, je me dis qu'il me faut du café pour reprendre le dessus. Mes bras agissent sans que je le veuille vraiment, les mouvements de ma tête et de mon regard me dépassent. La quatrième cafetière arrive, je la bois. Pas entièrement au demeurant, je laisse une tasse. C'est alors que je me rends compte de mes actes.

Je souffre d'un mal de ventre affreux, mes intestins se transforment en une pierre plate et réclament de la nourriture, mais j'ai trop de force pour leur en donner. Je vais aux toilettes. Ce ne sont pas des crottes qui sortent mais du napalm. Je défèque sur le marc de café, constate un mélange de senteurs de différentes culture dans mon nez. Je suis horrifié.


Je tourne en rond, j'agis de façon totalement illogique et ma joie d'antan laisse place à la terreur. Une terreur tranquille, mais une terreur tout de même. Tout va tout de même bien jusqu'ici.

C'est alors que les coups de téléphone commencent. Le premier m'affole. Je ne réponds pas. Le second, de la même personne, arrive. Je réponds, tente d'être courtois, mais mon bras droit m'affole; il bouge seul. Je clos la conversation sans savoir si j'ai été ou non un garçon charmant et sympathique, et mes souvenirs de celle-ci, caféinés eux aussi, s'en vont en courant. Je ne suis plus humain, je joue à pokémon de façon instinctive, tout va bien, je ne pense plus à rien. De nouveau mes téléphones se remettent à sonner. Je n'y fais pas attention mais au 5e appel je me résous à regarder qui c'est. Ma mère.


Etant un peu plus conscient qu'avant, je rappelle la madre. Mauvaise idée. A peine le "ça va?" de courtoisie passé, l'échange dérape vers les problèmes de toiture, et, l'ayant pourtant prévenu que j'avais bu plusieurs litres de café, elle continue à m'en parler. Le stress s'empare alors un peu plus de moi, et je panique, créant la colère de ma mère. Cette dernière me dit que je suis un imbécile, que c'est stupide d'avoir bu autant. Je lui narre mes maux de façon édulcorée, elle me raccroche au nez. Je suis en colère à mon tour, je tourne en rond, un cri m'échappe, il me terrifie.


Elle me parle sur internet, je panique. Encore. J'ignore. Les appels recommencent, 10 fois d'affilée, le cauchemar commence. Mes muscles se crispent, je frappe dans le vide, un cri m'échappe, je frappe mon placard, il n'avait qu'à pas me regarder, je lui jette mon sac au visage. Il se calme. Le frais de ma baignoire me rassure, les appels encore et toujours recréent l'horreur dans mon cerveau. Je vais ranger.

La moisissure des assiettes, l'odeur, et les envies de gerbes m'énèrvent. Je me munis de deux serviettes, et malgré l'atroce chaleur de mon appartement, je les enfile autour de ma tête, je me protège des parfums immondes et me transforme en Yasser Arafat dans ses plus beaux moments de caillasse. Les appels se sont arrêtés.


Je reprends conscience après la vaisselle, mon appartement est propre, plus ou moins, je me mets à l'ordinateur, je me rassure dans une conversation avec Mr Loose, et les palpitations commencent. Mon coeur bat aléatoirement, mon sein gauche se manifeste et danse sur un rythme différent, un pincement puis un trait comme une longue aiguille douloureuse me parcourt.

La conversation se termine, je commence à écrire ce gentil merdier.

Aucune conclusion morale. Les évènements racontés dans cet article sont vrais, purement créés par une dose massive de café et la paranoïa qui en suit. Je ne peux que vous conseiller d'essayer, après tout, le café est une drogue légale et assez low cost. Coupez simplement le téléphone, ou mangez votre mère et vos amis, on sait jamais.

1 commentaire:

Lillie a dit…

J'me permets de laisser un com, parce que, outre la bizarrerie de la situation, c'est franchement bien écrit. J'applique ta technique à la lettre, mais je ne vois aucune paranoïa à l'horizon. J'dois être sevrée.
Bon, comme j'ai pas envie d'aller m' faire enculée comme tu l'as si dbien suggéré dans ton dernier post, je me contenterai de te lire !
A plus