25 oct. 2011

Branduardi et la solution finale.



Charmant gaillard chevelu à en faire pâlir Larry David qui, s'il n'avait pas eu le malheur de devenir chauve bien trop tôt, aurait pu l'affubler d'un "Hey, Bro!" bien élégant, Angelo Branduardi ne pratique pas seulement le violon, sa femme ou chante ses héros, non il écrit aussi. Certes ce ne sont que des chansons:
"Gainsbourg n'a fait que des chansons, HA que c'est beau la Javanaise. Que de la merde !" s’essoufflait à répéter ainsi, à qui voulait bien l'entendre, le brave Professeur, chauve lui aussi.




Mais le Professeur Choron, ce jour là, en avait gros sur la patate. Il venait de quitter la rédaction de Charlie Hebdo (anciennement Hara-Kiri) et la mauvaise gestion dont il avait fait preuve était en cause. Son génie de l’écriture et de l'alcoolisme n'avait d’égal que la gastro permanente dont souffrait celui de la comptabilité que le créateur, débordé, lui avait attribué. Sa vindicte s'adressait, alors, surtout aux bobos merdeux gainsbourophiles qui l'avaient poussé à quitter son plus grand amour, son journal. Bien que nous n'ayons finalement aucune preuve d'un intérêt certain pour Angelo Branduardi de la part du professeur nous supposerons que, s'il n'est pas son plus grand fan, il n'en a, là où il est, vraiment rien à foutre.



Bref notre cantautoré (auteur-compositeur-interprète : source wikipedia) Italien a plutôt été prolifique et ce dans de nombreuses langues. Par chance, il décida en 1979 de nous faire cadeau d'un de ses plus grands coups de génie, une traduction chantée de Alla fiera dell'est (A la foire de l'est) qui, à en croire certains, serait structurellement très proche de ce que chantent les juifs pour (leur) pâques mais, peu importe, restons en à la version d'Angelo tant on peut difficilement faire confiance à ce qui peut rapidement partir en fumée. (Je vous invite vivement à lire cet article les paroles en tête si ce n'est en l’écoutant : http://youtu.be/KaCxJyaMHgs . Ce que je fais moi même en l’écrivant. La boucle est ainsi bouclée. En pareilles circonstances ce n'est pas rien de le dire). J'invite aussi ceux qui par malheur sont sourds, ça arrive, (Dejean T. emmerdant) à se rendre ici afin qu'ils puissent profiter de de la structure et des paroles de ce manifeste à Darwin et au salut divin.

A la foire de l'est se construit donc autour d'une série d’évènements qui à chaque répétition se complètent d'une nouvelle action (a+n) : a = l'action ; n = l'ensemble d’évènements précédant cette dernière, n'étant aussi égal à a+n puisqu'il est lui même tributaire d'une action ajoutée. Si l'on développe finalement cela donne : a+n = a+(a+n) = a+(a+(a+n)) = a+(a+(a+(a+n))) etc... une spirale infinie et chaotique. Toutefois la formule se base sur un choix originellement arbitraire qui la rend obsolète. Cette dernière n'est développée ici que pour répondre à un aspect pédagogique de la démonstration dont je ne vois déjà plus l’intérêt si ce n'est représenter l'effet de syntaxe qui répondrai en soit au thème abordé.


La chaîne d’évènements qui nous est ainsi décrite lie chacune des actions à la précédente par un rapport de force où le nouvel élément domine toujours celui qui lui est antérieur. (On notera toutefois que l'infernale succession d’événements s’enclenche de la main de l'homme d'un geste caractéristique de la société de marché; les pommes comme figures du capital) A la foire de l'est débute donc par une suites d'actions représentatives de la chaine alimentaire: une malheureuse taupe fini dans le gueule d'une chatte qui est, elle même, croquée par une chienne. Ce premier cycle voit finalement en l'intervention humaine une conclusion: la trique frappe la chienne. Il est évident que Branduardi introduit là un grand principe du darwinisme celui de la lois du plus fort.
Bien que l'idée soit forte et parfois même péjorative - a priori incompatible avec la notion même d'égalité, peu sociale donc sale et surtout difficile à accepter puisque génératrice d'un système binaire où seules deux réponses simultanées peuvent être envisageables, dont l'une est forcement douloureuse: l’échec pour l'un et la réussite pour l'autre -, la loi du plus fort représente pourtant un biais considérable dans la compréhension de cette théorie. D’ailleurs les anglophones lui préfère le terme de "survival of the fittest" qui est bien plus proche de l'idée que Darwin se fait de l’évolution et que l'on pourrait traduire par la survie de celui qui chausse bien, la survie du plus adapté. Parce que c'est bien de cela dont il est toujours question avec Dadou: d'adaptation. Idée qui n'est pas non plus à imaginer comme un processus "proactif" - ce qu'induisait alors le terme français - puisqu'ici l'adaptation est bien souvent due à une erreur d'encodage génétique résultant à une perte ou un gain de capacité qui profite à l'individu touché face à son propre environnement. Ceci augmente, de fait, ses chances de survie contrairement à ses camarades qui vont peu à peu disparaitre puisque non porteur de cette anomalie.


Mais branduardi ne s'y laisse pas avoir et avant de compléter sa toile par un nouveau cycle plus mystique - qui est, durant quelques seconde, musicalement introduit par l'expression seule et toujours plus vives des instruments- introduit l'environnement comme nouvel élément de domination : le flamme s'attaque à la trique. Il expose et défend ainsi en ces termes, lors de cette partie introductive, les fondamentaux du darwinismes.
A le foire de l'est entame alors un nouveaux cycle, proche du premier dans sa structure : le rapport de domination y est toujours l’élément fondateur; mais paradoxal quand au propos. Pour Angelo, poète, le monde n'est pas totalement réductible au domaine du sensible. La rationalité scientifique ne serais expliquer à elle seule la question de la vie. Bref il y a quelque chose derrière le miroir. Il invoque ainsi tout au long de la construction du second cycle des éléments fantastiques: l'ange et la bête pour les plus usuels; la pluie et l’égorgeur pour le reste. L'averse qui démarre le cycle ne prend une dimension mystique que lors de la conclusion de ce dernier. Elle n'est plus seulement un phénomène météorologique mais deviens le symbole d'une intervention divine. De même que l’égorgeur, s'il est un homme, n'en est pas moins exceptionnel puisqu'il terrasse la bête à l'image du héros classique et de l'élu.


Alors voila c'est le bordel tout le monde s'en prend plein la gueule. Angelo, lui, n'est pas contre le darwinisme mais bon ce qu'il produit c'est le chaos, on ce mord, se frappe, s’égorge, s'immole, bref c'est l'horreur.


On ne peut pourtant pas contredire Dadou, l’évolution est la condition d'expression de la vie, rien n'est plus naturel. Et pour bien mettre de l'ordre dans ce merdier qu'est le monde, dont l'humain ethno-centré s'en crois la cause, il faut trouver un gars surpuissant, au dessus de tous, dont la sagesse et le pouvoir le qualifierai en tant qu'arbitre suprême. Et la solution saute aux yeux d'Angelo qui conclu , "TADAM"


(c'est pas marqué dans les évangiles mais dieu est vraiment un fondu de magie) Par l'intervention divine de notre créateur et sauveur: le seigneur. Parce que sinon qu'est ce qu'on ferait des handicapés, estropiés et autres grabataires retraités, ces masses molles et incapables ou de ces personnes stériles et autres femmes ménopausées ? Lui il les aime bien tous ces gens (ce que je comprends difficilement). C'est donc avec cette synthèse-pirouette qui ne doit plaire ni aux créationnistes ni aux évolutionnistes qu'Angelo résolve l'une des plus grande question humaine : celle de la gouvernance et crée un pont entre les sciences et la religion à en faire pâlir ou jalouser certain juifs à la recherche du pattern divin. (voir PI de Darren Aronofsky).




SISISI BANDE DE PINGOUINS