16 août 2011

Je bois du whisky sans glaçon, je me fais césu par des garçons.

Baise la concordance des temps, t'entends?


Je n'ai vraiment pas de chance. Loin de moi l'idée de me plaindre de ma situation. C'est comme si chaque matin je plongeais dans un fleuve de café, je fume un tabac brun aux parfums variés (allant des langoustines à l'armoricaine jusqu'au caca), et mon alcoolisme vit bien le fait d'être affilié à un beau jeune homme velu de mon espèce. Le problème se posant souvent devant moi est celui de mes amis. Ces derniers sont tout à fait détestables. L'on se croirait lors de nos rassemblements (aussi rares soient-ils. Merci Allah.) dans une fête à hollywood tant ils sont gays, juifs et chauves à la fois. Mais bon, malgré cela, on se supporte mutuellement.


Je suis pris de vagues d'incompréhension dès lors que je me trouve face à quelqu'un qui aime ses amis, ou qui, faute d'en avoir, en veut. Grâce à Allah encore une fois, ces situations sont des exceptions, et jamais ou presque je n'ai ce genre de rapport.

Cependant, j'ai dernièrement, dans un accès de folie, décidé de combler le vide que laissait la vacuité de mes amis en prenant un chat. Ayant trop peur de devoir ramasser les sécrétions anales d'un canard de compagnie, ce choix se justifiait à lui même quand on sait qu'un chat chie en principe dans une litière. Mais les contrariants pipis à répétition, parfois les crottes lachées dans les endroits les plus sournois, et les incessants miaulements (ceux d'un chaton en manque constant d'affection) commencèrent à attaquer de la façon la plus sévère mes nerfs de petit garçon capricieux.


Il me fallait donc trouver une façon de résoudre le problème.

Je commençais par m'adonner à quelques sévices fort plaisants mais parfois bruyant, déchainant les cris jouissifs de peur du susnommé animal insupportable. Le mettre au frigo, l'attacher aux pieds de ma table, le mettre dans un sac et le faire tourner pendant un peu plus d'une dizaine de secondes... Autant de plaisir simples et gratuits desquels je pouvais jouir de façon éphémère. Mais le chat une fois sorti de ses supplices toujours ronronnait en arborant son air stupide, m'énervant un peu plus.


Je laissais par la suite, désespérant devant mon incapacité à tuer la bête (la rumeur comme quoi j'ai un coeur s'avère donc fondée), la fenêtre de mon appartement ouverte pour qu'il s'en aille. Même si un semblant de sympathie à son égard s'était fait sentir alors qu'il avait pissé sur deux des trois grues qui piaillaient (ma gentillesse légendaire m'avait forcé à héberger... des femmes) dans mon appartement pendant quelques jours, cette satisfaction ne surmontait pas ma haine grandissante pour cette ignominie.

Il disparut deux fois. La première, chez une voisine Roumaine. (Vraiment Roumaine. Mais de la race de ceux qui sont civilisés. Oui, ils existent.) La seconde était bien plus étrange.


Nous revenions avec une amie d'une soirée chez Mr Loose à laquelle il nous avait convié pour que nous puissions admirer conjointement sa nouvelle kipa haute couture ainsi que les reflets de son crâne chauve. Passablement saoul, en arrivant devant la porte de mon immeuble je pensais soudain être victime d'une hallucination. Alors que je me réjouissais à l'idée de ne plus avoir vu le chat depuis la journée précédente, que les bulles de bave et de caca perlaient ici et là dans le creux de mes lèvres et de mon anus (il n'est absolument pas question ici de coprophagie ni d'anulingus), j'allais être anéanti par la vue d'une affiche que je peinais à croire vraie. Une photo du sus-maudit animal y était imprimée, le visage tel un petit être battu et malheureux, manquant de tout, y compris d'un cerveau décent. En dessous étant inscrit "TROUVE". Un court message demandait à son propriétaire de venir le chercher. Je me laissais alors la nuit pour réfléchir à mes actions futures.

La roumaine dès l'aube me demanda où était passé le chat, les larmes aux yeux quasiment, avec cet accent charmant et ridicule qui rendrait l'annonce d'une diarrhée imminente plus belle que la mort d'un petit cheval sur une cagette de poissons endormis. C'était donc décidé, j'allais le récupérer.


Plus tard, alors que nous nous promenions dans les rues arabisantes de mon quartier (ndlr: Allah on t'oublie pas.) avec l'amie dont je parlais tout à l'heure (ndlr: Prouesse journalistique, la continuité du sujet bolosse.), cette dernière passa un coup de téléphone au numéro inscrit sur l'affiche.

Je dois maintenant avouer que je ne sais plus du tout quel était le but premier de cet article qui calmement descend vers un échec serein mais certain. Je vais tout de même continuer à vous désintéresser, et comme d'habitude, j'y arriverais.

Un homme avait répondu à l'appel, nous donnant son adresse. L'amie au cellulaire et au nez de pingouin était toute émoustillée par la voix de ce monsieur qu'elle imaginait dès lors j'en suis sûr en slip propre d'où sortiraient quelques poils, pensée salissant sa culotte de cyprine et autres mets vaginaux. Elle marchait toujours plus vite vers son prince alors que je trouvais tout de même cette histoire un peu étrange. Il n'y avait d'affiche que sur la porte de MON immeuble. L'affaire avait tout l'air d'un complot. Mais ayant dans mon équipe une juive, j'éprouvais quelques difficultés à trouver un peuple coupable de mes peines. C'est alors que nous étions devant la porte de notre commun malheur. Le trajet de ces quelques centaines de mètres ponctué par mes râleries n'avait fait que monter en moi l'angoisse de ce que j'allais découvrir.


Pas d'interphone devant ce bâtiment de deux étages. Une grande porte qui parait blindée s'ouvre lorsque nous y sonnons, et apparaît un homme aux allures mormones qui semble influencé par le style vestimentaire des périodes ante-orgies-dominicales des témoins de Jéhovah. C'est en fait une grande maison échouée dans la grande rue des arabes. La famille nous attend presque au complet, avec la femme tenant une sorte de plateau qui, dans mon souvenir, était recouvert de nourriture. Mais il se peut que ma mémoire d'affamé me joue des tours. Un jeune homme est là aussi, leur fils probablement, qui d'un air tout confus nous dit que le chat est ici. On le savait, connard. Il invite, se cachant derrière quelques comédons parsemés par ci par là sur son visage, l'amie pingouine, la mienne, à le rejoindre dans la chambre où se trouve le chat. Les parents restent à côté, nous observant avec un sourire emprunté j'imagine aux cauchemars d'Emile Louis. Le fiston demeuré, finalement, s'en est allé cherché la bête seul constatant face au silence l'échec de sa proposition. Le temps probablement d'une précoce éjaculation, il revient. Sans le chat. Il nous avoue que c'est son frère qui a kidnappé le chat. Il passait devant l'immeuble, et, entendant des miaulements, une forte érection lui commanda de trouver le digicode en utilisant différentes combinaisons, d'ouvrir la porte, et de voler l'animal. L'absurdité de ce qu'il venait de raconter n'eut pas l'air de choquer la famille, qui continuait à nous regarder avec envie. Puis un petit être dégoûtant, mi fille, mi garçon, descendit les grands escaliers en arborant sur son tee shirt troué par endroit des tâches toutes aussi dégoûtantes. Avec le chat. Ce dernier traumatisé par les multiples viols qu'il avait subit lors de sa nuit dans la maison n'avait pas trouvé judicieux de miauler comme à son habitude lorsqu'il se blotti contre les seins à taille variable de mon copain à vagin.

Il est de ces instants sur lesquels nous ne pouvons réellement mettre de mots. Les regards de ces gens lorsque nous nous en allions font partie de ces moments où la gêne ambiante parviendrait à paralyser un ours en rut. Un face à face intense où peu à peu la tristesse venait remplir leurs yeux auparavant pleins d'espoir.


Car il m'apparaît évident que cette famille a fait du kidnapping de chat sa spécialité. Et ce dans le but de se faire des amis. Et c'est la fin.