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Laissez moi simplement finir mon verre, que je vous vomisse dessus. |
Je redoute l'été comme
peu de choses dans ce monde. Alors que tous autour de moi se
réjouissent de la venue cette saison si chaude pour un singe de ma
qualité, je vis un enfer. Il me serait difficile de hiérarchiser
les différents points qui me font penser que l'on pourrait bel et
bien enlever l'été du calendrier et s'en passer sans que cela soit
insupportable. Il me semble que peu parmi vous se jetteraient nus
dans les orties pour défendre ma cause.
Ce sont tout d'abord vos
élans de sociabilité qui me répugnent, et qui nous poussent à un
moment ou un autre à nous rencontrer et à passer des moments dont,
soyons honnêtes, nous aurions parfaitement pu faire abstraction. Et
si seulement s'arrêtait là mon calvaire, je pourrais à
l'évidence rester terré dans ma cave, volets fermés, comme si
souvent je le fais. Mais il ne s'arrête pas là. Habitant en effet
un immeuble outrageusement sociable, je suis confronté depuis que
j'y habite à toutes sortes de situations auxquelles je ne trouve, et
vraisemblablement ne trouverais, aucun réponse. Mentionnons par
exemple LE FOU, dont l'histoire est en « projet d'écriture »
ici même depuis bientôt un an (ce n'est, dans les faits, juste une
idée de plus que ma mémoire a jugé bon de mettre sur le côté
pour une durée indéterminée), ou encore tous ces gens n'habitant
pas l'immeuble qui se sont retrouvés, et se retrouverons, dans la
cour pour des rassemblements surprises devant, ou presque, ma
fenêtre.
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Continue de sourire Babouin, ta vengeance est si proche. |
Les joies de l'habitat au
rez-de-chaussée me font connaître une fraîcheur de tout instant
pendant cette période, et ce malgré la fournaise dans laquelle vous
évoluez tous. Mais cette bénédiction ne vient pas seule, et en
contrepartie, me voilà forcé à vivre ces mêmes conversations où l'on me laisse à peine parler, chaque été, avec des individus sauvages (certains ont mêmes des scorpions tatoués
sur les bras), des cochons, qui parfois même viennent en famille. Je
vous passerais pour le moment les détails de cette histoire toute
aussi inintéressante que la votre.
Car ce n'est pas
seulement en cela que l'été est une horreur. L'été est un TOUT
(dont j'avais déjà parlé ici même il y a presque trois ans pile
poil, à cette époque où j'en avais beaucoup moins. Des poils). Un
tout dégoûtant où se mêlent les odeurs corporelles de mes tant
détestés semblables, me poussant par la même à adopter une
hygiène se rapprochant de l'irréprochable, et ce souvent, j'en ai
honte, car troublé par ces femmes complices du Soleil et de l'entité
Judéo-maçonnique qui s'habillent si court, si fleuri, en taille
haute parfois, dans l'unique but j'imagine de troubler nos sens, et
particulièrement les miens, plus fragiles que ceux d'un moine.
Je pourrais continuer de
lister tout ce qui m'exècre là dedans, mais ce serait gaspiller un
temps précieux que je pourrais consacrer à ne rien faire. Un
évènement intervient à plusieurs reprises, chaque année, lors de
cette saison. Il se trouve que je ne supporte pas le vivre, que j'y
suis toujours très gêné, car en présence d'une grande partie des
éléments qui fondent ma haine de l'été, mais que malheureusement,
comme poussé par mes gênes de campagnard, je ne peux éviter. Il
s'agit bien évidemment des fêtes votives, qui constituent d'où je
viens l'unique moyen de boire beaucoup, rapidement, et pas cher.
Je ne m'adresserais ainsi
qu'aux seuls d'entre vous qui, campagnards parmi la boue et les
orgies, connaissent l'atmosphère lourdes des soirées moites sur
fond de disco des champs, de ces danses au rythme binaire des plus
redoutés des tubes de ces 40 dernières années. L'on pourrait
idéalement éviter ces rassemblements, faire comme s'ils
n'existaient pas, bien sûr. Je vous demande cependant de ne pas me
juger. Seuls ceux qui connaissent l'ennui abyssal des campagnes
Vauclusiennes, qui plus est d'un village où il n'y a même pas de
retrait bancaire, comprendront que l'on puisse en arriver à cette
extrémité: avoir envie, ne serait-ce qu'un instant, d'aller se
divertir dans une fête votive.
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Ceci. |
1/ Dans le cas où vous
les auriez gardé, veillez à ouvrir vos anciens cahiers de classe.
Vous pourriez y trouver des informations concernant vos camarades
d'il y plusieurs années que vous avez malencontreusement oublié
mais qui n'en ont pas fait autant avec vous. Avec un peu de chance,
vous y trouverez aussi quelques anecdotes que ces individus pourraient tout
à fait vous ressortir. Si jamais comme moi vous avez brûlé votre
scolarité, je ne peux plus rien pour vous. Vous devrez affronter
comme vous pouvez cette future soirée.
2/ L'observation sera
votre plus grande qualité en arrivant sur ces lieux de dépravation
consanguine. En tâchant d'être le plus sobre possible, examinez
discrètement la scène et trouvez les individus qui paraissent
êtres saouls depuis quelques semaines avant la fête. Ceux-ci
pourraient très bien vous mettre dans des situations cocasses.
Toujours accoudés aux bars, ils n'hésiteront pas à se lancer dans
un affrontement soit violent, soit titubant dans leur brouillard,
tantôt pleins de sentiments d'homosexualité refoulée et tantôt de la
colère qui en découle. Si jamais vous êtes dans le besoin, faites
un tour d'horizon des gens aux alentours pour repérer ceux qui
vous apprécient et qui ne sont ni étudiants, ni chômeurs: ils
pourraient très bien se révéler généreux.
3/ Tâchez également, si
jamais c'est le cas, de cacher vos réserves de petite drogue. Ne
l'oubliez pas, vous êtes ici le pic assiette. A cause d'elles, vous
pourriez subitement vous retrouver avec beaucoup d'anciennes
connaissances qui voudraient alors renouer contact.
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Un bon exemple d'une "attitude suspecte". |
4/ Ayez le regard le plus
fuyant possible. Cette astuce vous permettra d'éviter un certain
nombre de personnes indésirables. La méthode à cependant ses
limites. Les susnommés indésirables, pris par l'ambiance faite de
fausse fumée et d'éclairages colorés avec tant de mauvais goût
pourraient vous courir après, voire même vous sauter dessus avec
une joie non partagée.
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Venir avec sa propre milice présente certains avantages. Attention cependant à ne pas se faire mal voir. |
5/ Plaidez alors
l'ivresse et la drogue pour rester silencieux, répondre évasivement
et ne faire absolument aucun effort d'articulation. Voilà qui
pourrait déplaire à votre interlocuteur, ce qui le laissera seul
face à la décision d'arrêter de vous fréquenter, devant lui-même
trouver une excuse pour mettre fin à cette conversation qui avait
pourtant si bien commencée.
6/ Vous ne pourrez bien
sûr pas éviter toutes les conversations. Après tout, maintenant
que vous êtes là, autant se mettre activement à la recherche d'un intérêt, quel qu'il soit, à cette soirée et partager quelques moments avec les moins
déplaisant parmi vos convives. Enfouir au fond de vous votre
humour s’avérera une solution parfaite pour sauver ce qu'il vous
reste de votre envie de passer un bon moment. Une blague que vous
seul comprenez nécessitera des explications et dépensera donc bien
plus d'énergie qu'un rire non sincère. Évitez au mieux l'humour
antisémite. (ndlr: notez qu'au même titre que l'humour, vos
convictions antisémites sont aussi à camoufler.)
7/ Au cours de la soirée,
ne vous faites pas remarquer autrement que pour votre irrésistible laideur ou vos divins pas de danse et restez le plus longtemps possible. Vous
passerez un long moment à attendre que la place se vide, l'ennui
sera intense, et vous n'aurez comme consolation que le malheur des
ces gens qui doivent (plus ou moins) ranger l'endroit. Mais une fois
qu'ils seront partis viendra le moment du réconfort. Alors que vous
êtes tout seul, ou bien accompagné de gens de confiance, dirigez
vous vers les congélateurs de la buvette. Il se pourrait très bien
que ceux-ci, s'ils sont à l'extérieur, soient ouverts et encore
pleins. Profitez en pour faire quelques réserves de vos boissons
préférées pour votre consommation, mais n'oubliez pas non plus
celle qui, malgré son goût ignoble, vous sera tout de même très
utile plus tard: la red bull. Son utilité ne sera pas dans le fait
de vous réveiller, à moins que vous soyez une immense tarlouze (et
dans ce cas, veuillez quitter ce satané site). Gardez les
précieusement, vous pourriez très bien en faire échange ou
commerce lors de la prochaine fête votive! Si, d'aventure, vous y
retourniez.
Vous avez maintenant toutes les cartes en main pour ne pas finir violé mal en point au milieu de ces êtres tous plus étranges les uns que les autres. Ne me remerciez pas, pas tout de suite en tout cas, ce n'est que le début du nouveau début, putes.